Monument, 1976
Betacam numérique PAL, noir et blanc, son
Des claquements de talons au sol, au rythme d'une marche mesurée, accompagnent le mouvement d'une caméra qui scrute un homme en gros plan. Lentement, la caméra tourne autour de lui, depuis ses pieds posés au sol jusqu'au sommet de sa tête. L'homme ne bronche pas, les bras droits le long du corps, comme devenu objet, sous l'œil d'une femme, identifiable au son de sa démarche. Le rapport de proximité avec la caméra fragmente et fétichise le corps. A aucun moment une vue d'ensemble ne permet d'identifier l'homme. Les parcelles entrevues par la caméra ne donnent pas de points de repère, rendant la vision démesurée. Tel un " monument ", il est livré au public. Connue pour ses positions féministes, Sanja Ivekovic inverse les rôles traditionnels. Le voyeur, traditionnellement un homme, disparaît derrière l'outil, qu'il soit pinceau ou appareil, alors que le modèle féminin s'exhibe face à ce créateur et derrière lui le public. Dans Monument, le premier rôle, complètement passif, est masculin, alors que la femme impose son regard. Cette œuvre s'inscrit dans la critique du genre et de la norme sociale qui parcourt son travail.
Patricia Maincent