Cette bande vidéo condense le programme que s’est fixé le collectif General Idea pour la période de 1968 à 1984 – date de la mort programmée, puis repoussée, du trio d’artistes canadiens.

La notion centrale de mythe et la figure de la Miss sont mises en parallèles, jouant sur la consonance et rapprochant les figures de l’artiste et de la reine de beauté.

Génie individuel, célèbre, riche et glamour, tel est l’artiste mythifié auquel s’attaque avec ironie General Idea. Pour l’incarner, nul besoin de produire de bonnes œuvres. La production d’un dispositif de communication est bien plus efficace pour pénétrer le monde de l’art. La Miss représente quant à elle une source d’« inspiration culturelle », produite par un système de valeurs opaque. Son rôle est principalement décoratif.

L’intérêt des trois artistes pour les clichés culturels se matérialise dans la production de performances, de films, d’archives et de projets d’architecture autour de l’élection de Miss General Idea organisée à quatre reprises entre 1968 et 1984. La métaphore du concours de beauté pour mieux critiquer le monde de l’art est frappante : la représentation, le spectacle, les apparences sont au centre de ces deux systèmes.

Les liens entre les artistes et les médias sont l’une des thématiques récurrentes du collectif. La vidéo Pilot, qui a été produite pour la chaîne de télévision TV Ontorio, montre l’organisation d’une conférence de presse en vue de l’élection de Miss General Idea. Occasion pour les artistes de vérifier certaines de leurs hypothèses dont l’une est « ce n’est pas de l’art si ça ne se vend pas » [1]. Pointant les contradictions du marché, les trois artistes nous éclairent sur leur conception du monde de l’art et sur la place centrale des regardeurs dans la fabrique de la valeur de l’œuvre. Les médias y jouent un rôle primordial : une œuvre vue est une œuvre à succès, ce qui rend l’artiste riche, célèbre et surtout, glamour !

Diane-Sophie Girin, 2015

[1] « It isn’t art unless it sells. »