[Infinity], 1997

Noto aka Carsten Nicolai (1965)
8 [Infinity], 1997
Disque audio numérique compact, stéréo, 68'29''
Edition Raster-Noton, 1997
Collection Musée national d'art moderne, Centre Pompidou, Paris, France


Alva Noto, de son vrai nom Carsten Nicolaï, est un plasticien et musicien allemand, il crée des œuvres sonores publiées par les labels de musiques électroniques Raster-Noton et Milles Plateaux. Sa démarche artistique se veut transversale, proche des sciences et des pratiques musicales contemporaines. A travers ses installations sonores et sa musique, il exploite les limites et le potentiel créatif des codes, formules cryptées et autres systèmes logiques qui structurent notre monde. Il se base pour cela sur des connaissances solides et s'entoure pour ses projets et ses expositions d'ingénieurs, de scientifiques ou de musiciens. Il a collaboré avec des musiciens tels que Ryoji Ikeda et Mika Vainio. Il est par ailleurs membre du groupe Signal avec Frank Bretschneider et Olaf Bender. Il signe ses productions musicales sous les pseudonymes de Noto, lorsqu'il porte son attention au son en tant que phénomène physique et Alva Noto lorsqu'il suit une démarche plus musicale, intégrant des arrangements et des rythmes. Intéressé par les principes de la cymatique, procédé qui rend les ondes sonores visibles, en concert, il accompagne souvent ses compositions sonores minimalistes de visuels lumineux générés par le biais de logiciels qu'il a conçu. Sa musique est composée de sons digitaux qu'il retravaille en les modifiant avec des oscillations bouclées et des générateurs de tons et en les faisant évoluer dans le temps et dans l'espace. A travers ces procédés, il rend le son palpable, proche de la matière qui nous entoure. Il cherche à dépasser les distinctions qui existent dans les perceptions sensorielles humaines en créant des phénomènes scientifiques sous formes de fréquences sonores ou visuelles perceptibles à la fois par l'ouïe et la vue. Les expériences sonores qu'il réalise sous le nom de Noto lui permettent de développer un langage qui lui est propre, composé de codes acoustiques et de symboles visuels. Il réalise en 1997, pour la Documenta X de Kassel, Infinity (¥), une œuvre sonore diffusée à travers la ville, dans les gares, aéroport, espace d'exposition, boutiques et sur la radio locale. Soixante-douze pistes de quarante-cinq secondes chacune composent l'œuvre. Ces spins (tourbillons), comme les appelle l'artiste, proviennent de plusieurs sources de communication comme le téléphone, fax, ondes radio, modems qui ont ensuite été retravaillés par l'artiste, samplés et mis en boucle. Et c'est la répétition circulaire des sons qui donne son titre à l'œuvre et lui confère un sentiment d'infini. Les résultats sonores produits sont familiers de l'environnement contemporain dans lequel ils sont diffusés, leur fonction signalétique renvoie habituellement à une injonction faite à un usager. Ce sont des signaux sonores de communication, chargés de prévenir ou en attente d'une réponse. Dans Infinity, le message qu'ils sont sensés transmettre n'est plus destiné à être reconnu par l'auditeur. Il est transformé dans une masse compacte de sons prenant part à la réalisation d'un environnement musical. Les différents sons soulignent alors la densité sonore de notre environnement contemporain.


Priscilia Marques