Wisla, 1996

Betacam SP, PAL, noir et blanc, son


Premier film de Josef Dabernig, Wilsa débute sur des vues architecturales, dont celles d’une tour aux formes néo-classiques rappelant l’architecture totalitaire fasciste. La caméra glisse ensuite sur l’horizon, croise plusieurs immeubles modernes et s’arrête sur une autre colonnade néo-classique. Dans cette première séquence, deux mondes semblent cohabiter.

Dans la séquence suivante, deux hommes – Josef Dabernig et Martin Kaltner – en costumes mal ajustés entrent dans un stade. Ils marchent le long de la zone de terrain de jeu, s’asseyent sur le banc des entraîneurs et se concentrent sur un match qui va débuter. C’est avec ce point de vue sur les deux hommes, silencieux mais attentifs à l’action semblant se passer sur le terrain, accompagné des explications du commentateur sportif et des cris d’une foule rugissante, que les spectateurs suivent le match. Ils s’aperçoivent rapidement que le stade est en fait vide et qu’aucun match ne s’y déroule. Les images filmées dans le stade du club Wisla Cracovie contrastent ainsi fortement avec la bande sonore, enregistrement d’un match de série A ayant eu lieu la même année, en 1996, au stade Friuli de la ville d’Udine, en Italie. Dans un acte pseudo-cérémonieux, le film se termine alors que des officiels serrent la main des deux entraineurs dans les gradins vide du stade. Ce film mi-comique, mi-critique, met en scène une forme de triomphe diffus et confus dans un No Man’s Land loin de toute réelle identité nationale.

Les courts films de Josef Dabernig possèdent chacun des thèmes et des motifs différents mais pourtant singuliers. Mélanges de Jacques Tati et de Béla Tarr, et inspirées des pièces de Samuel Beckett, les œuvres de Dabernig varient mais ont une visée commune : elles abordent toutes le ridicule inhérent à l’échange rituel, que ce soit avec un paysage, entre différentes personnes ou avec la technologie.




Louise Coquet, 2015