Par leur enseignement autant que par leur activité artistique, Edmond Couchot et Michel Bret ont été des figures essentielles de la création numérique en France. Le premier s’y est consacré après une carrière de peintre qui l’a conduit, dans les années 1960, à la réalisation de tableaux lumino-cinétiques réagissant à des compositions musicales de son choix. De son côté, Michel Bret a développé dès les années 1970 des programmes informatiques, à partir desquels il a conçu un important ensemble d’œuvres en mouvement.

En 1988, ils créent avec Marie-Hélène Tramus une première œuvre interactive, qui présente l’image d’une plume flottant dans l’air et dirigée par le souffle du spectateur, capté par un microphone. Ils mettent au point, deux ans plus tard, une installation reposant sur un dispositif analogue : ce sont alors les akènes d’un pissenlit virtuel qui se détachent par la seule action du visiteur, et volètent dans l’espace. Cette proposition évoluera pour devenir Les Pissenlits, l’augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs permettant de simuler les mouvements de plusieurs plantes à la fois. En effet, les images produites ne sont pas calculées en amont, mais générées en temps réel selon l’intensité du souffle perçu ; elles sont ainsi propres à chaque spectateur. Comme le disait Edmond Couchot, « la vie de l’image dorénavant peut ne plus tenir qu’à un souffle. Mais dans ce souffle, elle puise aussi le pouvoir de renaître ailleurs, autrement, d’être finalement plus qu’une image. »

Philippe Bettinelli, 2024