What a Woman Made, 1973

Fichier Apple ProREs HQ 422 (NTSC) noir et blanc, son


Mako Idemitsu réalise cette vidéo peu après être rentrée au Japon avec ses enfants. C’est l’une des premières œuvres qu’elle produit avec le medium vidéo – elle en réalise deux en 1972, Inner-Man et Woman’s House. Avant d’utiliser ce médium, elle filme en 16 mm des formes plus abstraites. What a Woman Made montre une importante différence dans la forme et le contenu avec les vidéos qu’elle va réaliser dans les années 1980 où elle va incorporer drame et fiction à son propos féministe.




Cette bande montre l’image floue d’un tampon usagé flottant gracieusement dans le doux tourbillon d’une cuvette de toilette immaculée. Pendant que l’image défile, la voix d’un homme japonais au ton infantilisant lit les lignes d’un best-seller japonais de l’époque écrit par la baby-sitter du couple Royal, How to Raise Girl Children. Ce texte, où est fait l’amalgame entre physiologie et personnalité de la femme, est une évaluation sur la nature innée des femmes ; elles y sont décrites comme des bouts de propriétés à préserver jusqu’au mariage.



Minimale dans sa composition, What a Woman Made est une critique franche de ce traitement inculqué aux femmes au Japon. Jayne Wark écrit à ce sujet :
« En superposant l’image esthétique d’un tampon usagé avec un texte qui codifie la litanie de défauts et de caractéristiques négatives imputées à la « nature » féminine, Mako Idemitsu révèle l’impossibilité de simplement détacher et récupérer un impératif biologique féminin « positif » des prescriptions culturelles qui déterminent et limitent sa significations/ses significations. » [1]




Louise Coquet




[1] Jayne Wark, Radical Gestures: Feminism and performance art in North America, Montréal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2006, p. 170.