Musique Non Stop, 1986

U-matic, NTSC, couleur, son


Musique : Kraftwerk.
Animation : Rebecca Allen (New-York Institute Of Technology / Computer Graphics Laboratory).


BOING BUMM TSCHAK ZONG PENG BOING BUMM TSCHAK

Rebecca Allen est à la pointe de la technologie informatique. Il lui a fallu deux ans de travail pour donner naissance en 1986 aux icônes binaires, avatars virtuels des membres de Kraftwerk. La science de l'artiste alimente le projet d'œuvre totale des musiciens : après s'être fait représenter par des robots/mannequins, ce sont maintenant des doubles synthétiques impalpables qui les incarnent.

Aux vocodeurs, boites à rythme et synthétiseurs de Kraftwerk, Rebecca Allen répond par une création 3D, animation faciale et modélisation. Serions-nous dans une double fascination? Celle de Kraftwerk pour la technologie et les sciences; celle de Rebecca Allen pour le mouvement, la synthèse de la vie. La stratégie consiste à combiner l'homme et la machine, à les unir dans un flux unique et libérateur [1]. Créateurs et outils semblent avoir le même statut, l'esthétique se construisant sur leur égalité. La musique se joue elle-même, les musiciens quittent l'image pour laisser le champ libre à la machine, à la prouesse technologique.

Les alter ego de synthèse représentent le travail commun : Rebecca Allen crée les avatars de Kraftwerk et Kraftwerk insère la voix codée de Rebecca Allen dans sa composition - seule occurrence à notre connaissance d'une voix féminine dans l'oeuvre du groupe. Rebecca Allen se trouve aussi numérisée et passe symboliquement dans une post-humanité sonore.

Cette vidéo a été récompensée par de nombreux Prix : 1986, Meilleure Video Musicale - RFA. 1987 : Artistic and Technical Excellence Award - Nicograph Tokyo. Elle a été sélectionnée la même année dans la catégorie Best Special Effects, National Academy of Video Arts and Sciences, 5th Annual American Video Awards. En 1988 elle a remporté le Second Prix dans la catégorie Vidéo Musicale/Images du Futur Art et Nouvelles Technologies - Montreal.


Manon Schwich


[1] Expression employée par Pascal Bussy dans Le mystère des hommes machines, Camion Blanc, Paris 1996.