Das feenband (Visual gong), 1983

U-matic PAL, couleur, son


Attachée depuis le début des années 70 au mouvement féministe, Ulrike Rosenbach prend, comme point de départ à ses travaux vidéo, sa propre personne, inclut des éléments de sa biographie pour mieux élargir son champ d'action, un langage poétique et critique à la fois, une image mixte qui intègre de l'intérieur la figure féminine dans la création artistique. Das Feenband fait l'expérience complexe de cette mixité, d'une double réfraction de la réalité. A l'intérieur de la sphère, d'un gong visuel et sonore, s'engagent des formes entremêlées, des luminescences, des symboles purs. La forme sphérique est un miroir immédiat de l'artiste et qui la renvoie à d'autres paliers de représentation, des territoires archaïques. Car, si cette image est bien dans un premier temps un reflet biographique, elle s'étend à des concepts symboliques, des figures mythologiques au moyen d'images reliées par association d'idées, par relai. Lien imaginaire entre les photographies de sa fille, d'elle-même et cette statufication de l'artiste en Diane chasseresse. Vénus ou Artémis, Ulrike Rosenbach invoque tout au long de son œuvre la mythologie antique pour mieux se frayer un chemin dans les mythes modernes. Figure indomptée, sauvage, androgyne, protectrice, elle se constitue une enveloppe lunaire, une figure qui comprend en soi tout ce qu'il y a de figures. Elle est le centre équidistant de tous les points superficiels, c'est-à-dire ce qui est de toutes les figures la plus parfaite et la plus complètement semblable à soi-même. Das Feenband pose le problème du dilemme, de la tension, du choix nécessaire pour la femme de se redéfinir un lieu propre entre sa transcendance et son aliénation dans l'objet-image, d'éclater les contours formels pré-établis, de déborder l'image pour emplir autrement l'espace, de figurer le tout féminin.




Stéphanie Moisdon
(Extrait du catalogue Vidéo et après. La collection vidéo du Musée national d'art moderne. Editions Carré et Editions du Centre Georges Pompidou, Paris. 1992.)