Biographie

Hangzhou (Chine), 1957 – vit et travaille à Hangzhou (Chine)



Diplômé en peinture à l’huile de l’Académie des beaux-arts de Zhejiang (aujourd’hui l’Académie d’art de Chine, Hangzhou) en 1984, l’artiste développe une œuvre protéiforme où, à partir de situations quotidiennes, se manifestent un détachement conceptuel et un sens de l’absurde. Ses peintures du milieu des années 1980 arborent une minutie clinique pour dépeindre des nageurs reposant au bord d’une piscine, des musiciens de jazz à l’allure pétrifiée ou encore des gants chirurgicaux isolés en gros plan. L’artiste paraît y méditer une hygiène de la vision où se joue, fragile, la place du corps. En 1985, Zhang Peili prend part à l’organisation, à l’Académie des beaux-arts de Zhejiang, d’une exposition d’exposition d’art expérimental qui marque une rupture avec le système académique persistant en Chine après la Révolution Culturelle : « 85 New Space ». Proclamant que « la valeur de la vie réside dans l’occupation de l’espace », l’exposition invite à l’exploration de médias multiples. Avec les artistes Geng Jianyi et Song Ling, Zhang fonde l’année suivante à Hangzhou la Pond Society : un collectif artistique dont la pratique prend la forme d’actions dans l’espace public. Il utilise alors du papier journal pour réaliser des silhouettes humaines collées sur les murs de la ville. Ses vidéos, réalisées à partir de 1988, déploient sur des durées longues des actions dont tout est d’emblée livré au regard : la clarté et la prévisibilité, l’absence de toute modulation dramatique caractérisent le ton sobre de travaux qui entendent engager la responsabilité des spectateurs. Son œuvre inaugurale à canal unique, 30x30 (1988), est un défi lancé au Salon des Artistes du Sud de Guangzhou, une instance ouverte à « l’art expérimental ». On y voit un plan serré, quasiment fixe, sur les mains de l’artiste laissant tomber au sol un miroir qui se brise, puis recollant patiemment les fragments avant de le laisser tomber à nouveau, répétant l’opération à trois reprises.



L’œuvre de Zhang Peili développe dès lors une réflexion critique particulièrement engagée dans le domaine des médias. L’usage sculptural des moniteurs analogiques à la manière de fragments anatomiques, le développement de dispositifs interactifs et cinétiques, l’inscription d’ondes radio en temps réel, comptent parmi les stratégies techniques et formelles par lesquelles le travail de l’artiste cultive une conception de l’œuvre comme champ de tension propice au questionnement et à la réflexivité.



Marcella Lista, juin 2024