incrustation
L'incrustation est la superposition d'images animées par trucage électronique. C'est une technique de découpage complexe, où la ligne de séparation n'est pas nécessairement une forme définie, elle peut être un objet en déplacement. Le signal de découpage est pratiqué davantage en fonction de la couleur que de la lumière. On utilise une couleur saturée, bien souvent un fond bleu pour l'éloignement qu'il implique avec les tonalités de la chair des sujets placés au premier plan. L'incrustation vidéo en chrominance peut s'obtenir en direct : si un comédien est filmé sur un fond bleu, une seconde source d'images peut être envoyée à un mélangeur qui les transformera en décor d'arrière-plan.

installation (dispositif, environnement, multimédia, interactivité)
L'installation permet à l'artiste de faire une mise en scène des éléments constituants de la représentation. Le terme indique un type de création qui refuse la concentration sur un objet pour mieux considérer les relations entre plusieurs éléments. L'installation établit un ensemble de liens spatiaux entre l'objet et l'espace architectural, qui poussent le spectateur à prendre conscience de son intégration dans la situation créée. L'expérience de l'oeuvre par le spectateur constitue un enjeu déterminant. L'oeuvre est un processus, sa perception s'effectue dans la durée d'un déplacement. Engagé dans un parcours, impliqué dans un dispositif, le spectateur participe à la mobilité de l'oeuvre. Le dispositif désigne la façon dont la présentation matérielle d'une oeuvre, les circonstances de sa diffusion s'inscrivent dans une visée systémique. Le dispositif crée l'illusion, il est lui-même sa propre réalité. Depuis la fin des années 50, le spectateur habite l'oeuvre au même titre qu'il habite le monde. On élabore le concept d'oeuvre d’art comme "environnement", une oeuvre en trois dimensions, transposition scénique du tableau à la réalité. Les oeuvres engagent bientôt la participation physique du spectateur, qui devient un des éléments de l'oeuvre. La participation du spectateur, par l'entremise des technologies récentes, prend davantage d'ampleur : l'artiste crée des situations "interactives", dans lesquelles l'oeuvre d'art réagit à l'action de l'utilisateur / spectateur. Une relative réciprocité d'action peut naître entre l'utilisateur et un système "intelligent", démarche accentuée par les artistes qui créent des environnements multimédia associant l'image, le texte et le son par le biais de l'interactivité de l'ordinateur.
Bibliographie : Anne-Marie Duguet, "Dispositifs", Communications, numéro 48, Paris, Seuil, 1988. Robert Morris, "Notes on sculpture", Regards sur l’art américain des années 60, Paris, éd. du Territoire, 1979. Michael Fried, "Art and objecthood" (1967), Minimal Art, New York, éd. Gregory Battcock, 1968 ; trad. fr. in Arstudio, Paris, numéro 6, 1987. Thierry de Duve, "La performance ici et maintenant" (1974), Essais datés I, 1974-1986, Paris, éd. de La Différence, 1987. Jacques Aumont, L’Oeil interminable, Paris, éd. Séguier, 1995. Jean-Louis Baudry, "Le dispositif : approches métapsychologiques de l’impression de réalité", Communications, numéro 23, Paris, Seuil, 1975. Art & Design, numéro 5-6, Londres, 1993. Nicolas de Oliveira, Nicolas Oxley, Michael Petry, Michael Archer, Installations : l’art en situation (1994), Paris, éd. Thames and Hudson, 1997.