Sweet violence, 1974

Betacam numérique PAL, noir et blanc, son


Une série de publicités est filmée à travers des barres verticales noires sur un poste de télévision. Le titre de la vidéo, écrit à la main avec une craie sur un tableau noir d'écolier, annonce clairement l'aspect artisanal du travail en opposition au formatage de la publicité télévisée. Alors que défilent toutes sortes de catégories de films publicitaires de la télévision yougoslave, comme un spot pour Coca Cola, la soupe Maggi, le déodorant Rexona ou encore une promotion sur la literie, le premier plan, comme des barreaux de prison, empêche de bien voir. Malgré cette difficulté, la publicité reste efficace tant au niveau du son, que de la mondialisation des marques et de la permanence des produits. Alors qu'il s'agit d'une chaîne nationale de 1974, le visionnage en 2009 reste d'actualité. Le titre "Sweet Violence" (douce violence) révèle l'ambiguïté du regard du spectateur sur ces films. L'efficacité commerciale du spot télévisé réside dans la séduction et la frustration exercées sur son public. Le spectateur, pris au piège dans son environnement domestique, est impuissant face à l'attraction exercée sur lui, le public étant rarement à même de satisfaire toutes ses envies suscitées. La critique du pouvoir de la télévision est matérialisée par une intervention très dérisoire, mais très pertinente. Cette pauvreté de moyens dans l'exécution marque une distance avec les outils de séduction du pouvoir.


Patricia Maincent